Max Ernst, Mondes magiques, mondes libérés

(Jusqu'au 08-10-2023)

Cette année, l’Hôtel de Caumont-Centre d’art d’Aix-en-Provence consacre son exposition d’été au génie de Max Ernst (1891-1976). Artiste érudit et prodigieux expérimentateur, Max Ernst traverse le siècle des avant-gardes avec une insatiable soif de création et laisse derrière lui une œuvre complexe et très personnelle. Artiste associé au groupe dada et au surréalisme, il suit un itinéraire personnel en se détachant des modalités du groupe et réalise des œuvres visionnaires et pleines de lucidité. À travers près de 130 œuvres, cette exposition revient sur les traces de ce génie créateur en tant que personnalité libre et singulière, et met notamment à l’honneur le lien étroit qu’il entretenait avec la nature, le jeu, la magie et la liberté.

Œdipus Rex, 1922, Max Ernst, Suisse, Collection privée.

Si la portée de son œuvre reste encore méconnue du grand public, l’extravagance et la polysémie de la production de Max Ernst sont impressionnantes. Né en Allemagne, il crée en 1919 une communauté Dada à Cologne avant de rejoindre Paris où il participe dès le départ au développement du surréalisme d’André Breton. Il crée de nombreux collages et invente de nouvelles techniques, comme le frottage – qui consiste à passer une mine de plomb sur un papier posé sur des surfaces rugueuses. Après avoir été interné au début de la Seconde Guerre mondiale non loin de l’Hôtel de Caumont (au Camp des Milles d’Aix-en-Provence), Max Ernst fuit la France et se réfugie aux États- Unis. Il rentrera en France en 1953 et continuera de travailler intensément la peinture, le dessin, la sculpture et l’orfèvrerie.

Pietà ou La révolution de la nuit, 1923, Max Ernst, Londres, Tate.

Max Ernst n’aura eu de cesse de se réinventer tout au long de sa carrière. Son œuvre est nourrie de philosophie, de psychanalyse, de science, d’alchimie, d’histoire de l’art, de littérature et de poésie. Cette exposition se concentre sur les grands thèmes des mondes créés par Max Ernst en illustrant la récurrence des thématiques qui traversent son œuvre. Une section centrale de l’exposition fait référence aux quatre éléments – l’eau, l’air, la terre et le feu – qui, selon une ancienne tradition philosophique et l’alchimie, composent l’ensemble de la matière du monde naturel.

Un tissu de mensonges, Max Ernst, 1959, Paris, Centre Pompidou.

L’univers de l’artiste déconcerte et étonne. Grand intellectuel et artiste humaniste – au sens néo-Renaissance du terme – il défie continuellement la perception en combinant la logique et l’harmonie formelle avec des énigmes insondables, tandis que l’onirisme et le fantastique coexistent pour créer des paysages aux mystères impénétrables. Forêts de pierres, animaux chimères, masques incarnés ou oiseaux anthropomorphes, la beauté énigmatique et parfois même ironique des œuvres de Max Ernst nous plonge dans l’extravagance de ses mondes, magiques et libérés.