Giovanni Bellini. Influences croisées

(Jusqu'au 17-07-2023)

Ce printemps 2023, le Musée Jacquemart-André présente la première exposition en France consacrée à l’œuvre du grand maître Giovanni Bellini (v. 1435-1516), l’un des fondateurs de l’école vénitienne, ayant ouvert la voie à l’art de la couleur et du ton qui a fait la gloire de la Sérénissime. À travers une cinquantaine d’œuvres issues de collections publiques et privées européennes, cette exposition retrace le parcours de Giovanni Bellini et montre comment son langage artistique n’a eu de cesse de se renouveler tout au long de sa carrière, tout en conservant une part indéniable d’originalité. Réparties selon un ordre thématico-chronologique, les œuvres du maître constitueront le fil rouge de l’exposition, mises en regard avec des « modèles » qui les ont inspirées.

Christ mort soutenu par deux anges, détail, vers 1470-1475, Giovanni Bellini, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie.

Issu d’une famille d’artistes, Giovanni Bellini fréquente avec son frère Gentile l’atelier de leur père, Jacopo Bellini, peintre de formation gothique bientôt rompu aux nouveautés renaissantes venues de Florence. Le jeune artiste s’imprègne à la fois de l’art de son père et de son frère, mais aussi de son beau-frère Andrea Mantegna, que sa soeur Nicolosia vient d’épouser. Le classicisme, les formes sculpturales et la maîtrise de la perspective de Mantegna exercent une profonde influence sur l’artiste. Sa peinture devient plus monumentale, notamment grâce à l’étude des œuvres de Donatello, visibles à Padoue.

Annonciation, vers 1464-1465, Gentile Bellini, Madrid, Museo Thyssen-Bornemisza.
Vierge à l’Enfant, vers 1475-1480, Giovanni Bellini, Staatliche Museen zu Berlin, Gemäldegalerie.
Sainte Justine, détail, 1475, Giovanni Bellini, Milan, Museo Bugatti Valsecchi.

Le style de Bellini change de cap avec l’arrivée à Venise d’Antonello de Messine qui y introduit le goût flamand du détail et les constructions spatiales des artistes d’Italie centrale. Giovanni trouve une nouvelle intensité dramatique en perfectionnant la technique de la peinture à l’huile. Il puise dans l’art byzantin et du nord de l’Europe des éléments qui marqueront son style. En quête de renouveau, il développe des thématiques représentées par des peintres plus jeunes, comme par exemple celle des paysages topographiques inspirés de Cima da Conegliano. Enfin, l’ultime période de Bellini est marquée par une touche plus vibrante mais d’une grande modernité. De manière singulière, ce sont les innovations de ses meilleurs élèves – et notamment Giorgione et Titien – qui poussent le vieux Bellini à réinventer son style.

La Vierge et l’Enfant entourés de saint Jean-Baptiste et d’une sainte (Sainte Conversation Giovanelli), vers 1500, Venise, Galleria dell’Accademia.

Cette exposition, en présentant Bellini et son contexte artistique, permet de comprendre en quoi son langage pictural est fait de correspondances et de jeux d’influences, qu’il synthétise magistralement. L’exposition bénéficie de prêts exceptionnels de la Gemäldegalerie de Berlin, et notamment du Petit Palais de Paris, du Museo Thyssen-Bornemisza de Madrid, de la Galleria Borghese de Rome, du Museo Correr, des Gallerie dell’Accademia et de la Scuola Grande di San Rocco de Venise, du Musée Bagatti Valsecchi de Milan entre autres, ainsi que de nombreux prêts de collections privées.