Joan Miró. Peindre des murs, peindre des mondes

(jusqu'au 12-06-2016 hasta 12-06-2016)

 

La Schirn Kunsthalle de Francfort organise l’exposition Joan Miró. Peindre des murs, peindre des mondes, un parcours de l’œuvre de l’artiste sur plus d’un demi-siècle, en commençant avec La Ferme (1921/22), dans laquelle Miró décrit le mur de briques de l’étable avec une extraordinaire minutie (ses défauts, ses traces de plantes et d’insectes, ses craquelures) en même temps que la vie quotidienne dans l’exploitation familiale de Montroig, au sud de Barcelone. Elle continue avec les tableaux oniriques des années vingt dont Peinture (Personnages : Les frères Fratellini) de 1927, au bleu éclatant, et avec Peinture, La Magie de la couleur, une œuvre emblématique de 1930. Au moyen d’un langage formel sobre, elle décrit le mur en soi comme aucun autre tableau. Deux grandes taches, l’une rouge l’autre jaune, entourées d’un espace vide fait de peinture blanche, illustrent les tentatives de Miró de dépasser la façon traditionnelle de composer une image.

La masía (la ferme), 1921, détail, Joan Miró

La masía (la ferme), 1921, détail, Joan Miró (Washington, National Gallery)

Après les frises, peintes sur des matériaux non conventionnels dans les années quarante et cinquante, l’exposition s’achève sur les créations finales comme le monumental triptyque Bleu I–III (1961) et l’extraordinaire Peinture I–III (27 juillet 1973), qui confirment la foi inébranlable de Miró dans le pouvoir de suggestion des murs nus, et, par conséquent, des peintures murales, un élément fondateur de l’expressionnisme abstrait. Elles témoignent aussi de la vitalité créatrice de l’artiste jusque dans son grand âge. Dans l’esprit de Miró, il était essentiel que son art soit directement accessible au public. En accord avec cette volonté, l’exposition se conclut sur deux compositions extraordinaires pour l’espace public, montrées à l’échelle originale. Il s’agit du Mur de la lune et du Mur du soleil, conçues autour de 1957 pour le siège de l’Unesco à Paris. Les travaux préparatoires révèlent son souhait d’étudier toutes les possibilités offertes par des céramiques de grand format. Ils sont en même temps un exemple parfait de la réaction de Miró aux défauts trouvés sur les murs nus et de sa méthode de travail, qui pouvait débuter avec une petite esquisse et mener à des peintures monumentales.