La sérénité domestique : la femme et l’enfant

La peinture de genre

Pour la première fois, au XVIIe siècle, aux Pays-Bas, c’est la vie quotidienne des êtres anonymes, et non plus l’histoire sainte, ou le mythe grec, ou encore la vie héroïque des personnages illustres, qui devient le thème central et le principe organisateur du tableau. Il faudra néanmoins attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir apparaître le terme français de genre, utilisé pour décrire l’immense variété picturale dans laquelle se trouvaient illustrés tous les aspects de la vie quotidienne. C’est Diderot qui, le premier, utilisa le terme dans son Essai sur la Peinture (publié en 1795) pour décrire toutes les catégories mineures de peinture. Les paysages, les natures mortes, les scènes de la vie paysanne relevaient de la peinture de genre, par opposition à la peinture d’histoire qui comprenaient les sujets religieux, mythologiques et classiques. La définition qui prévaut aujourd’hui est celle que donna Franz Kugler en 1837 dans son très influent Manuel de l’histoire de la peinture : « Les tableaux de genre sont de représentations de la vie de tous les jours », c’est à dire, la représentation d’une réalité observée : la sérénité domestique (domaine de la femme et de l’enfant), le monde de l’homme (les metiers), la relation amoureuse (musique, lecture, écriture), les loisirs (marchés et kermesses). Les significations que l’on découvre dans les tableaux hollandais ont trait aux valeurs morales, a ce qui, dans les Pays-Bas calvinistes du XVIIe siècle, est considéré comme vertu ou vice. Pour les hollandais de cette époque, animés d’une véritable rage de moraliser, la vie quotidienne, est tout sauf un terrain neutre. La peinture relève donc, en termes rhétoriques, du genre épidictique, celui de l’éloge et du blâme, ou encore, de l’idylle et de la satire. L’influence de Bruegel sur l’évolution de la peinture de genre dans les Pays-Bas septentrionaux fut énorme. Non seulement les estampes et copies inspirées de ses tableaux furent-elles largement diffusées dans le nord, mais de nombreux peintres anversois au fait de ses innovations se réfugièrent dans le nord après que la guerre contre l’Espagne eût entrainé la dislocation des Provinces-Unies.

La vie de l’homme, 1666, Jan Steen
La vie de l’homme, 1666, Jan Steen (La Haye, Mauritshuis)

Par sa nature même la peinture de genre hollandaise illustre, reflète et commente la vie contemporaine dans les Pays-Bas septentrionaux. C’est un art qui fut perméable aux idées et aux grands débats de son temps, aux métamorphoses de l’ordre social et aux coutumes de la vie privée et de la vie publique. Les facteurs déterminants de la transformation de la société hollandaise au XVIIe siècle, furent la longue guerre avec l’Espagne et, en particulier, l’émigration de les populations vers les provinces du nord, la pénétration du calvinisme dans tous les aspects de la vie de la République où elle eut le statut de religion d’État, le conflit politique permanent entre la classe urbaine dominante et la Maison d’Orange, et enfin, le succès phénoménal de l’économie nationale au cours de la première moitié du XVIIe siècle.

Les femmes et leur rôle de mère

Dans la peinture de genre hollandaise, les femmes sont glorifiées dans leur rôle de mère, d’abord lorsqu’elles s’occupent des nourrissons. Ainsi, dans un tableau de De Hooch, une femme hollandaise devient une véritable madone profane, non moins que celles de Rembrandt, sujet sacré traité en scène de la vie quotidienne. Chez Gerard Ter Borch, au contraire, c’est le geste quotidien lui-même qui acquiert un caractère de quasi sainteté. La mère s’occupe ensuite de l’éducation des enfants : elle leur apprend à lire, mais aussi à marcher et surtout à prendre soin du ménage. Lorsque les peintres hollandais montrent une mère occupée à l’éducation de ses enfants, ils veulent indiquer que le devoir maternel est accompli ; le meilleur d’instruire est de donner l’exemple, et dans le tableau de Gerard ter Borch Femme pelant une pomme sous le regard d’un enfant, l’enfant apprend à effectuer une tâche domestique élémentaire en regardant sa mère.

Femme cousant à côté d’un berceau, 1656, Gerard ter Borch
Femme cousant à côté d’un berceau, 1656, Gerard ter Borch (La Haye, Gallérie Mauritshuis)

Les prédicateurs calvinistes incitaient les parents à corriger les enfants afin de les débarrasser du pêché et de l’oisiveté et la maison était, par excellence, cette institution pédagogique et disciplinaire à la fois. La mère jouait un rôle important dans l’éducation des enfants avant qu’ils soient en âge d’aller à l’école. Dans un tableau du Rijksmuseum, Pieter de Hooch montre une fillette à qui sa mère tend un pichet qu’elle a pris dans un placard. Dans un autre tableau du même peintre (Londres, Wallace Collection), un enfant porte sagement le panier de sa mère. Ce sont là deux exemples de bonne conduite de la part de jeunes enfants à la maison.

Garçon qui tend un panier à sa mère, vers 1658, Pieter de Hooch
Garçon qui tend un panier à sa mère, vers 1658,
Pieter de Hooch (Londres, Wallace Collection)
Femme pelant une pomme, vers 1660, Gerard ter Borch
Femme pelant une pomme, vers 1660, Gerard ter Borch
(Vienne, Kunsthistorisches Museum)

La structuration de la vie autour de l’axe intérieur/extérieur correspond aussi à une distribution des rôles selon les sexes : aux hommes le monde extérieur, aux femmes la maison. Selon le plus célèbre poète-moraliste de l’époque, Jacob Cats « Le mari doit être à la rue pour exercer son métier, l’épouse, à ses fourneaux, ne quittera son foyer ». Cette répartition n’a certes rien de surprenant ni d’original. La Hollande du XVIIe siècle n’est ni la première ni la dernière société du monde où l’on s’attend que la femme se consacre essentiellement à trois tâches : nettoyer la maison, préparer les repas, porter et élever ses enfants.

La cour d’une maison à Delft, 1658, Pieter de Hooch
La cour d’une maison à Delft, 1658, Pieter de Hooch (Londres, National Gallery)

Le cadre architectural, la cour, se trouve en parfaite harmonie avec l’action qui s’y déroule : une mère accompagnée de son enfant, incarnation parfaite de la sollicitude parentale et de l’attachement enfantin, bref, de la vertu domestique.

Les mères étaient également chargées de veiller à la bonne présentation de leurs enfants. Les soins de propreté, appliqués aux personnes (comme dans la scène fréquente de l’épouillage) ou aux maisons et aux cours intérieures : propreté physique évoque pureté morale. Mais peut-être l’image de l’amour maternel la plus émouvante qui ait été peinte en Hollande au XVIIe siècle est-elle L’Enfant malade de Metsu (Rijksmuseum) qui, par la description de la tendresse maternelle, rappelle très clairement le sujet religieux de la Vierge à l’Enfant.

Mère coiffant son enfant, vers 1650, Gerard ter Borch
Mère coiffant son enfant, vers 1650, Gerard ter Borch (La Haye, Mauritshuis)

Les tâches domestiques

Les tâches domestiques quotidiennes de la maîtresse de la maison offraient aux peintres de genre hollandais une riche variété de sujets. Pieter de Hooch montre une femme pelant de fruits, Pieter van Roestraten peignit en 1678 une femme qui faisait des crêpes, Jacob Duck une femme repassant son linge, Esaias Boursse une femme cousant, une autre filant. Dans un tableau de 1663, après son départ de Delft pour Amsterdam, De Hooch exécuta un intérieur bourgeois bien décoré avec statuette antique, tableaux et des pilastres encadrant les portes et les fenêtres ; on y voit une femme et sa servante prendre du linge propre dans une armoire en marqueterie ; derrière elles une fillette tient une canne de kolf. Ce n’est pas seulement la ménagère que le peintre de genre voit dans son intérieur. Dans l’une des plus belles compositions de Vermeer, La Laitière, le peintre confère au mouvement simple et gracieux de la jeune femme, une monumentalité de statue. Son geste semble presque sacramentel ; elle pourrait très bien accomplir un rite profane, impression qui  n’est pas sans évoquer les similitudes profondes qui existent entre la peinture de genre et la peinture religieuse.

L’armoire à linge, 1663, Pieter de Hooch
L’armoire à linge, 1663, Pieter de Hooch (Amsterdam, Rijksmuseum)
Femme faisant des crêpes, 1678, Pieter van Roestraten
Femme faisant des crêpes, 1678, Pieter van Roestraten
(La Haye, Museum Bredius)

Une illustration fréquente de la vertu domestique est la préparation de la nourriture parfois sous le regard attentif d’une petite fille : ainsi le travail sert-il en même temps à l’éducation des enfants.

Les femmes ont par ailleurs accès à certaines prérogatives masculines : elles gèrent l’économie familiale quand les maris ne sont pas là. Un voyageur anglais note : « En Hollande, les épouses se connaissent si bien en marchandage, en comptes et en écritures, qu’en l’absence de leurs maris, partis en longs voyages à travers les mers, elles mènent le commerce dans leurs maisons, et leur parole mérite le même crédit que celle de leurs époux. »

Femme lisant, 1676, Pieter Janssens Elinga
Femme lisant, 1676, Pieter Janssens Elinga (Munich, Alte Pinakothek)

Chargées de surveiller l’éducation de leurs enfants, les mères ont elles-mêmes été instruites, au moins dans certains milieux. De nombreux tableaux montrent la mère en train d’apprendre à lire à son enfant, ou de lire elle-même.

Le monde des enfants : l’école

La bonne éducation des enfants était une affaire importante pour les Hollandais du XVIIe siècle et l’objet de préoccupations constantes ; elle eut à ce titre la faveur des peintres de genre hollandais. Dans un tableau du Rijksmuseum, Gerard Dou montre les enfants à l’école du soir ; le professeur âgé aide une fillette à lire tandis qu’un garçon attend son tour avec impatience. Le choix du peintre : une salle de classe représentée le soir, ou peut-être tôt un matin d’hiver, lui permet de peindre des lampes et des chandelles allumées, ce en quoi il excellait et faisait l’admiration de Hoogstraten et d’autres artistes. Jan Steen considère l’enseignement scolaire avec moins de sérieux. Son tableau Le Maître d’école s’inscrit dans la tradition satirique de l’estampe de Pieter Bruegel : L’Âne à l’école qui illustre un dicton populaire : « Même si l’âne va à l’école pour apprendre, il restera un âne et ne sera pas un cheval quand il sortira ». Dans l’école de Steen, il n’y a rien à apprendre du maître myope si absorbé à tailler sa plume d’oie, qu’il ne voit pas le chaos qui l’entoure. Certains enfants veulent apprendre et, à cette fin, se sont regroupés autour de la maîtresse d’école qui corrige leur orthographe tandis que les autres se battent, chantent, se moquent du maître ou bien dorment. À droite on voit une chouette (ou hibou), symbole familier de la bêtise humaine dans l’œuvre de Steen, à laquelle un enfant tend des lunettes.

Le Maître d’école, 1662, Jan Steen
Le Maître d’école, 1662, Jan Steen (Edimbourg, National Gallery of Scotland)

Le Maître d’école d’Adriaen van Ostade, est une vision authentique de ces écoles communales de campagne, à propos desquelles il y eut souvent des récriminations à l’époque. Une cuiller en bois à la main, le maître apparaît comme un bourreau de discipline. Il est en train d’interroger un petit garçon qui se cache les yeux tandis que deux autres enfants attendent leur tour à côté de lui. Ailleurs dans la classe les enfants écrivent leurs lettres sur des ardoises ; au fond de la classe un petit garçon se penche à la fenêtre et un autre, au sommet d’un petit escalier, revient avec sur la tête le panier qu’on l’a envoyé chercher.

Le Maître d’école, 1662, Adriaen van Ostade
Le Maître d’école, 1662, Adriaen van Ostade
(Paris, musée du Louvre)

Le monde des enfants : les jeux

Dans la peinture des Pays-Bas les jeux d’enfants étaient depuis longtemps traités comme des allégories de la vie d’adultes. Ceci est implicite dans les Jeux d’enfants de Bruegel de 1560. Des enfants de tous les âges font rouler des cerceaux, marchent sur des échasses, jouent à la toupie, au cheval d’arçon, se battent dans des simulacres de tournois, gonflent des vessies de porc, jouent à la poupée ainsi qu’avec d’autres jouets. Ils ont également investi le bâtiment qui surplombe la place ; il s’agit de la mairie et Bruegel fait ainsi comprendre que les adultes qui dirigent les affaires civiques sont comme des enfants au regard de Dieu. Un Français en visite aux Pays-Bas à la fin du XVIIe siècle, observa une quantité fabuleuse de jeux d’enfants, comme par exemple : « jouer à la grande boule, à la mouche, au palet, des claquettes, des osselets, à la crosse, aux des, aux tablettes, à pair ou non, aux dames, aux noix, au pot cassé… »

Jeux d’enfants, 1560, Pieter Bruegel
Jeux d’enfants et détail, 1560, Pieter Bruegel l’Ancien (Vienne, Kunsthistorisches Museum)

Ont a identifié plus de quatre-vingts jeux différents, mais Bruegel ne se contente pas de compiler une encyclopédie des jeux, il nous montre également des enfants absorbés dans leur jeu avec lé sérieux dont les adultes font preuve dans l’accomplissement de leurs activités.

Jeux d’enfants, détail, 1560, Pieter Bruegel, détail

L’idée apparaissait fréquemment dans la littérature contemporaine : dans un poème flamand anonyme, publié à Anvers en 1530 par Jan van Doesborch, l’humanité est comparée aux enfants qui se laissent absorber dans leurs jeux au lieu de se consacrer au service de Dieu.

Par opposition, dans Le Concert d’enfants, 1626 Jan Molenaer célèbre l’innocence de l’enfance ; soucieux du moment présent, les garçons jouent du violon et du « rommelpot », tandis que la petite fille dont le plastron est trop grand pour elle, bat la mesure avec deux cuillers sur un casque. Seule la cage à oiseux vide sur la gauche introduit un élément de mélancolie : l’oiseau s’est envolé ; son incarcération fut aussi brève que l’enfance éphémère.

Le Concert d’enfants, 1626, Jan Molenaer
Le Concert d’enfants, 1626, Jan Molenaer (Londres, National Gallery)
Le Jeu de kolf, vers 1658, Pieter de Hooch
Le Jeu de kolf, vers 1658, Pieter de Hooch (Polesden Lacey, National Trust)

Un intérieur caractéristique des maisons de Delft. Une porte ouverte donne sur la cour ; un enfant souriant attend à l’extérieur. Une petite fille dans l’embrasure de la porte tient un bâton de kolf à la main (une espèce de hockey sur gazon)

Les fêtes de famille

Les plus importantes fêtes de famille du calendrier hollandais étaient la Saint-Nicolas et la Fête des Rois. La Saint Nicolas qui a lieu le 6 décembre est la fête des enfants. La veille au soir, les enfants mettaient leurs sabots dans la cheminée et, pendant la nuit, le saint aidé de son assistant Zwarte Piet (Pierre le Noir, ainsi nommé en raison de la suie dont il avait le visage couvert) remplissait les petits sabots : les enfants sages avaient des bonbons et des jouets, mais s’ils avaient été méchants ils ne trouvaient qu’une branche de bouleau séchée dans leurs sabots. À cette occasion, on confectionnait des pains et des biscuits particuliers, à l’intention de toute la famille. Tous ces éléments sont représentés dans la Fête de la saint Nicolas de Jan Steen. Richard Brakenburgh dans sa Fête de la saint Nicolas de 1685 s’inspire très fidèlement de Steen, mais plante son décor dans l’intérieur plus aisé d’une famille de la classe moyenne. L’attitude de Steen est généreuse et respectueuse de la fête. Il est vrai que l’Église reformée hollandaise était critique à l’égard des gâteries associées à cette fête catholique. En 1607 Delft interdit la vente de pain d’épices et de pâtisseries à forme de tête humaine (saints) qu’il était traditionnel de préparer pour la fête de saint Nicolas et, en 1657, Dordrecht proscrivait radicalement la fête elle-même. Mais des interdits locaux de ce genre n’eurent que peu de retentissement sur les coutumes. Steen, catholique, était normalement imperméable à des critiques calvinistes de ce genre et, en fait, son tableau est d’une certaine manière polémique.

La fête de saint Nicolas, 1685, Jean Steen
La fête de saint Nicolas, 1685, Jean Steen (Amsterdam Rijksmuseum)

La Fête des Rois est une autre fête catholique ancienne qui s’est perpétuée dans la république calviniste sous une forme profane, en dépit de la désapprobation de l’Église Reformée. Le 6 janvier, fête de l’Épiphanie, chaque famille élisait un roi au déjeuner, soit par tirage au sort, soit en acceptant l’élu de la fortune qui avait trouvée la fève ou la pièce d’argent dissimulée dans le pain ou dans le gâteau. Dans certains endroits on choisissait même trois rois, la fête s’appelait alors Driekoningen et ces trois rois étaient habillés, deux de robes blanches, les troisième, Melchior, d’une robe sombre (il avait en outre la face noircie) ; ils quittaient la maison suivis d’une procession d’enfants portant des paniers sur la tête et dont certains représentaient les personnages traditionnels du Fou et du Glouton, tous chantant de vieilles chansons sur le thème d’Hérode et des Rois mages ; puis ils entraient dans une taverne où on leur offrait les gâteux de la nuit des rois.

La Fête des Rois (le Roi boit), vers 1661, Jan Steen
La Fête des Rois (le Roi boit), vers 1661, Jan Steen (Londres, Royal Collection)

Dans ce tableau, Steen a assis le « roi » au bout de la table, le pied sur un soufflet. Il est flanqué par le Fou qui porte un seau renversé sur la tête et d’une femme qui représente la gloutonnerie. En bas à droite, une petite fille soulève sa jupe pour sauter par-dessus les trois bougies symbolisant les trois mages. Les gaufres sur un plateau au premier plan, étaient traditionnellement consommées au cours des célébrations et les coquilles d’œufs cassés, un jeu populaire hollandais.

La Fête des Rois, vers 1661, Jan Steen, détail

En haut de l’escalier, sur la gauche un jeune homme chante en jouant du « rommelpot », un pot en grès recouvert d’une membrane. Il fait partie d’un groupe d’artistes qui erraient dans les rues en chantant et portant un étoile en papier (à moitié visible à la porte) représentant l’étoile biblique qui a guidé les rois Mages vers Bethléem. L’artiste s’est représenté comme l’homme brandissant trois pipes en terre, positionnées juste au-dessus de la femme assise qui nourrit un enfant.

Le Roi boit, 1668, Jan Steen
Le Roi boit, 1668, Jan Steen (Kassel, Staatliche Museen)

Steen a représenté d’autres scènes inspirées du calendrier religieux. Le dimanche de la Pentecôte, les enfants vêtus de robes blanches allaient de porte en porte dans le village, chantant des chansons populaires, ce pour quoi ils étaient récompensés par une pièce jetée dans un gobelet. L’argent ainsi recueilli allait dans des institutions charitables, comme des orphelinats ou des hospices. Comme dans tant de fêtes chrétiennes, on retrouvait la survivance d’éléments païens, comme dans le tableau du Musée du Petit Palais la petite fille porte une couronne de fleurs sur la tête et peut de ce fait s’identifier à la Reine de mai, fête païenne farouchement condamnée par les calvinistes.

Le petit quêteur, vers 1663-1665, Jan Steen
Le petit quêteur (La Reine de Mai), vers 1663-1665, Jan Steen (Paris, Musée du Petit Palais)
Bibliographie

Kahr, Madlyn Millner. La peinture hollandaise du Siècle d’or. Paris, 1998
Brown, Christopher. La peinture de genre hollandaise au XVIIe siècle. Amsterdam, 1984
Leymarie, Jean. La peinture hollandaise. Paris, 1956
Todorov, Tzvetan. Éloge du quotidien : essai sur la peinture hollandaise du XVIIe siècle. Paris, 1993
Westermann, Mariët. Le siècle d’or en Hollande. Paris, Flammarion, 1996