Les grands Héros qui précédèrent la guerre de Troie

Persée, tueur de la Gorgone Méduse

Un oracle prophétisa que le fils qu’aurait Danaé, la princesse d’Argos, tuerait son grand-père, le roi Acrisios. Pour conjurer le sort, Acrisios enferma sa fille dans une tour. Mais les hauts murs de bronze n’empêchèrent pas Zeus de se couler près de Danaé sous la forme de pluie d’or. Ainsi fut conçu Persée.

Zeus délivra mère en enfant pour les faire vivre dans l’île de Sériphos, où Persée fut élevé par le roi Polydectès. Pour se débarrasser du jeune homme, qui l’empêchait d’épouser Danaé contre son gré, Polydectès exigea de Persée, qu’il lui rapporte la tête de Méduse, la plus monstrueuse des Gorgones. Comme elle avait osé profaner son temple, Athéna secourut Persée en lui offrant un bouclier poli comme un miroir. Ému par le courage du héros, Hermès lui confia comment trouver des sandales ailées et le casque d’invisibilité d’Hadès, et lui remit une faucille assez aiguisée pour trancher la tête d’une Gorgone. Après avoir découvert leur repaire, Persée – invisible sous son casque magique – s’approcha des trois Gorgones endormies. Mais il aurait suffi que Méduse ouvre les yeux pour le pétrifier ; il s’avança donc en veillant à ne regarder que son reflet dans le bouclier. Il la décapita d’un coup de faucille avant de s’enfouir avec sa tête tranchée, échappant à la vengeance de ses sœurs grâce aux sandales ailées.

Persée armé par Mercure et Minerve, 1540-1545, Paris Bordone, Birmingham - Alabama, Museum of Art
Persée armé par Mercure et Minerve, 1540-1545, Paris Bordone,
Birmingham – Alabama, Museum of Art

Sur le chemin de retour, il voit Andromède enchaînée à un rocher. La fille du roi d’Éthiopie va être sacrifiée à un monstre marin. Persée tombe aussitôt amoureux d’elle. Il tue le monstre, se débarrasse d’un autre prétendent, Phinée, lequel finit, ainsi que tous ses compagnons, pétrifié par le regard de Méduse dont Persée a brandi la tête, puis il épouse la jeune fille. Si les artistes ont été inspirés par la scène où Mercure et Minerve arment Persée, c’est toutefois l’épisode de la libération d’Andromède qu’ils ont privilégié.

Le Combat de Persée et de Phinée, Luca Giordano, Londres, National Gallery
Le Combat de Persée et de Phinée,1680-1685, Luca Giordano, Londres, National Gallery

Vénéré à l’instar d’un dieu d’Athènes, Persée est l’un des plus grands héros de la Grèce antique. Ce fils de Zeus et de Danaé se chargea de trancher la tête de Méduse, la Gorgone dont uns seul regard changeait en pierre ses victimes. Le sang de Méduse généra l’immortel Pégase, le cheval ailé qui monterait plus tard un autre pourfendeur de monstres, Bellérophon, qui courrait pourtant à sa perte en chevauchant dans le ciel à la rencontre des dieux… Persée sauva quant à lui la belle Andromède, et de leurs amours naquit une lignée dont devaient sortir les rois de Perse et le glorieux Hercule.

Persée et Andromède, XVIIe siècle, Giuseppe Cesari
Persée et Andromède, XVIIe siècle, Giuseppe Cesari, Collection privée

Persée chevauchant Pégase, va sauver la belle Andromède, offerte en sacrifice à un monstre marin.

Andromède délivrée par Persée, vers 1513-1515, Piero di Cosimo, Florence, Galleria degli Uffizi
Andromède délivrée par Persée, vers 1513-1515, Piero di Cosimo, Florence, Galleria degli Uffizi
Andromède délivrée par Persée (Det.), vers 1513-1515, Piero di Cosimo, Florence
Andromède délivrée par Persée, détail, vers 1513-1515, Piero di Cosimo,
Florence, Galleria degli Uffizi

Thésée, vainqueur du Minotaure

Thésée est par excellence le héros athénien. Il eut tant d’aventures et prit part à tant de grandes entreprises qu’un proverbe naquit à Athènes : « Rien sans Thésée ». Thésée était le fils d’un Roi athénien, Égée, et d’Aithra, fille du roi de Trézène. Egée revint à Athènes avant la naissance de l’enfant mais avant de quitter Trézène, il mit son épée et ses sandales dans un trou qu’il recouvrit d’une grande pierre, puis il dit à sa femme que lorsque son fils serait assez fort pour soulever la pierre et prendre ce qu’elle cachait, elle devait le lui envoyer à Athènes où il se ferait reconnaître par son père. Thésée participe à de nombreuses aventures : il se révéla en beaucoup d’occasions comme la providence des voyageurs, nettoyant la Grèce infestée de brigands. Mais il reste avant tout celui qui mit fin aux jours du Minotaure, le monstre du Labyrinthe de Minos : en signant un traité de paix avec le roi de Crète, Athènes avait accepter de lui payer un tribut régulier de quatorze jeunes gens, sacrifiés pour nourrir le Minotaure. Ému par la douleur de leurs parents, Thésée se porta volontaire pour faire partie du contingent de victimes en partance pour la Crète. Inquiet, son père Égée, ne retrouva un peu de confiance que lorsque Thésée lui dit de surveiller la couleur de la voile de son navire lors de son retour : si elle était blanche, le roi saurait que son fils était encore en vie. Vainqueur du Minotaure, Thésée s’échappa de Crète avec la fille de Minos, Ariane, à qui il avait promis le mariage. Pour une obscure raison, cependant, il ne tint pas parole et la laissa même, seule, dans l’île de Naxos. Troublé par sa propre conduite (sans doute), il oublia de hisser la voile blanche… Apercevant de loin une voile noire, Égée crut que son fils était mort et, de désespoir, se jeta d’une falaise dans la mer qui porte son nom depuis ce sombre jour.

Thésée découvre les armes de son père Égée, vers 1640, Laurent de La Hyre, Budapest, Musée des Beaux-Arts
Thésée découvre les armes de son père Égée, vers 1640, Laurent de La Hyre, Budapest, Musée des Beaux-Arts
Thésée et le Minotaure, 1510-1520, Maître des Cassoni Campana, Avignon, musée du Petit Palais
Thésée et le Minotaure, 1510-1520, Maître des Cassoni Campana, Avignon, musée du Petit Palais

La plus célèbre des aventures de Thésée est sans doute celle du Minotaure, le monstre enfermé dans le labyrinthe. Le héros est soutenu dans cette entreprise par Ariane, la fille du roi Minos, qui lui remet une bobine de fil en lui conseillant d’en attacher un but à l’entrée du labyrinthe et de ne jamais lâcher l’autre but. Grâce à cela, après avoir tué le monstre, le héros athénien parvient à trouver la sortie.

Thésée succéda à son père Égée sur le trône d’Athènes et fédéra l’Attique. Sa position et ses responsabilités nouvelles ne le détournèrent pas des aventures ; c’est ainsi qu’il aida Héraclès dans son expédition chez les Amazones, où il combattit la reine Hippolyté… avant de l’épouser. Bien qu’elle lui ait donné un fils, l’Athénien épousa ensuite Phèdre, fille de Minos (et sœur d’Ariane !), probablement en gage d’alliance politique.

Le mythe d’Europe

Amante de Zeus et mère de Minos, roi de Crète, Europe était la fille du roi phénicien Agénor. Leur palais se trouvait à Tyr, sur la côte. Un jour où la jeune fille jouait sur la plage avec ses servantes. Zeus apparut sous la forme d’un majestueux taureau blanc. Elle trouva l’animal si doux qu’elle s’enhardit à monter sur son dos… et se retrouva prise au piège, car le taureau bondit dans la mer et nagea jusqu’à la Crète. Là, Zeus aima Europe et lui donna trois fils : Minos, Sarpédon et Rhadamanthe. Quand il la quitta, il lui laissa trois cadeaux : un épieu qui ne manquait jamais sa cible, un chien de chasse qui ne manquait jamais ses proies, et Talos, un « robot » de bronze chargé de garder l’île. La belle abandonnée finit par épouser Astéries, le roi de Crète, qui fut tout heureux d’adopter ses enfants semi-divins et d’en faire ses héritiers. L’un des trois, Minos, devait lui succéder sur le trône de Cnossos. Assimilée à une divinité locale, Europe reste une figura importante du panthéon crétois sous la civilisation minoenne qui fleurit jusqu’au XVe siècle av. J.-C. L’engouement des Minoens pour les pratiques tauromachiques dérive des mythes du Taureau blanc d’Europe et du « taureau de Minos » : le Minotaure.

L’Enlèvement d’Europe, 1632, Rembrandt
L’Enlèvement d’Europe, 1632, Rembrandt, Los Angeles, J.P. Getty Museum

Ovide (Métamorphoses, II) a chanté les amours d’Europe et du Taureau blanc qui offre aux caresses de la princesse vierge ses cornes d’or pour qu’elle les couronne de guirlandes de fleurs. Le pinceau du Titien a immortalisé cette scène, et bien d’autres artistes ont également illustré la légende d’Europe : Rubens, Véronèse, Rembrandt, le Lorrain, Mignard, Boucher, Moreau, Matisse…

L’Enlèvement d’Europe, 1747, François Boucher, Paris, musée du Louvre
L’Enlèvement d’Europe, 1747, François Boucher, Paris, musée du Louvre
L’Enlèvement d’Europe, 1747, François Boucher
L’Enlèvement d’Europe, détail, 1747, François Boucher, Paris, musée du Louvre

Ce tableau de Boucher (1747) met au goût du XVIIIe siècle la légende de la princesse enlevée par le roi des dieux « déguisé » en taureau blanc.

L’Enlèvement d’Europe, détail, 1475, Liberale da Verona, Paris, musée du Louvre
L’Enlèvement d’Europe, détail, 1475, Liberale da Verona, Paris, musée du Louvre

Hercule et les Douze Travaux

Hercules (Héraclès) était le fils de Jupiter et d’Alcmène, reine de Tirynthe. L’épouse jalouse de Jupiter, Junon, retarda la venue au monde de l’enfant le temps que son cousin Eurysthée naisse avant lui, afin, compte tenu du droit d’aînesse, qu’il devienne roi à sa place, le moment venu. Le petit Hercule manifesta très tôt sa nature de demi-dieu. Quand Junon lui envoya deux serpents pour le tuer dans son berceau, l’enfant en saisit un dans chaque main et les étouffa. Par la suite, ses prouesses à la lutte, à la lance et au tir à l’arc devinrent vite légendaires. Mais Junon ne désarma pas, et elle le frappa de folie : dans une crise de démence, Hercule tua son épouse Mégara et ses enfants. Poussé par les remords, il alla consulter l’oracle de Delphes, qui lui dit d’aller se mettre au service du roi de Tirynthe. Là, Eurysthée lui imposa à plaisir les tâches les plus difficiles, connues comme les Douze travaux. Hormis ceux-ci, Hercule doit affronter de nombreuses autres épreuves.

Hercule étouffant les serpents, 1743, Pompeo Battoni, Florence, Galleria d’Arte Moderna
Hercule étouffant les serpents, 1743,
Pompeo Battoni, Florence, Galleria d’Arte Moderna

Héraclès, est le plus grand des héros grecs, vénéré par les Romains sous le nom d’Hercule ; il est l’une des figures les plus célèbres et les plus populaires de l’art classique et des époques suivantes. Ses principaux attributs sont la massue et la peau de lion. Il n’est pas rare de le voir aussi doté d’un arc et des flèches disposées dans un carquois sur son épaule. Dans les allégories, l’image d’Hercule devient le symbole de la force physique et du courage. Ses Douze travaux ont un signification morale, évoquant la victoire du Bien sur le Mal.

Hercule entre le Vice et la Vertu, 1596, Annibale Carracci, Naples, Museo di Capodimonte
Hercule entre le Vice et la Vertu, 1596, Annibale Carracci, Naples, Museo di Capodimonte
Hercule entre le Vice et la Vertu, détails, 1596, Annibale Carracci, Naples, Museo di Capodimonte

. Le thème d’Hercule à la croisée des chemins, élaboré par le sophiste grec Prodicos et repris par Xénophon, fut amplement traité par les peintres de la Renaissance et de la période baroque. Ici Hercule doit choisir entre le Vice et la Vertu.

Hercule tue les oiseaux du lac Stymphale, 1500, Albrecht Dürer, Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum
Hercule tue les oiseaux du lac Stymphale, 1500, Albrecht Dürer,
Nuremberg, Germanisches Nationalmuseum

L’épreuve consistant à tuer les oiseaux du lac Stymphale est le cinquième des Douze travaux d’Hercule. Il parvient par la russe à faire voler les monstres et il les tue avec les flèches qu’Apollon lui a offertes. Ici, Dürer s’inspire des harpies telles qu’on les trouve décrites chez Dante.

La seconde épouse d’Hercule, Déjanire, redoutait fort d’être délaissée. Le perfide Centaure Nessus, mortellement blessé par le héros, eut le temps de lui faire croire qu’elle s’attacherait à jamais son époux en lui donnant un vêtement imbibé du sang d’un Centaure. Ignorant que ce sang était le plus violent des poisons, l’imprudente en imprégna la tunique d’Hercule, qui périt dans d’atroces souffrances. Ainsi s’acheva la vie terrestre du héros, qui fut emporté dans l’Olympe et élevé à l’immortalité.

Hercule, Déjanire et le Centaure Nessus, 1580-1585, Bartholomeus Spranger, Vienne, Musée des Beaux-Arts
Hercule, Déjanire et le Centaure Nessus, 1580-1585, Bartholomeus Spranger,
Vienne, Musée des Beaux-Arts

Atalante et les pommes d’or

Atalante était la fille du roi Iasos et de Clymène. Son père, qui avait reçu une partie du Péloponnèse de son propre père, le roi Phoronée, souhaitait un héritier mâle. Il fut si déçu de la naissance d’une fille qu’il l’abandonna en bas âge dans une montagne. Heureusement, Artémis envoya une ourse pour allaiter l’enfant, qui fut recueillie et élevée par des chasseurs. Avertie par un oracle que le mariage ne lui apporterait guère que le malheur, Atalante décida de rester vierge. Et, pour dissuader ses soupirants, elle déclara qu’elle ne consentirait à épouser que celui qui serait assez rapide pour la battre à la course ; les vaincus étant mis à mort. Il en fut ainsi jusqu’au jour où, avec l’aide de Vénus, Hippomène remporta l’épreuve en laissant perfidement tomber trois pommes d’or du jardin des Hespérides sur la piste ; Atalante perdit du temps à les ramasser et dut consentir au mariage. Hippomène négligea malheureusement de remercier Vénus pour ses pommes d’or, et en fut puni, de même qu’Atalante : tous deux furent changés en lions.

La Course d’Hippomène et d’Atalante, 1632, Willem van Herp, Varsovie, Musée national
La Course d’Hippomène et d’Atalante, 1632, Willem van Herp, Varsovie, Musée national
La Course d’Hippomène et d’Atalante, 1632, Willem van Herp, Varsovie
La Course d’Hippomène et d’Atalante, 1632, détail,
Willem van Herp, Varsovie, Musée national

Atalante, superbe chasseresse de la mythologie grecque ; renommée, comme Artémis (Diane), pour sa rapidité à la course et sa hardiesse.

Atalante et Hippomène, 1618-1619, Guido Reni, Madrid, Museo del Prado.

Inspiré dans les Métamorphoses d’Ovide, le tableau de Reni illustre l’histoire des trois pommes d’or.

Le mythe de Prométhée

Titan bienfaiteur du genre humain, Prométhée est cruellement puni pour cela par Jupiter. Fils du Titan Japet, le mythe raconte qu’il crée les hommes, les façonnant à partir de l’argile et leur donnant l’apparence des dieux. Par la suite, avec la complicité de Minerve, il vole le feu sur le char du Soleil et en fait don aux hommes. Selon une autre version, c’est dans la fournaise de Vulcain qu’il dérobe le feu. Jupiter alors décide de punir les hommes et leur bienfaiteur en envoyant sur la terre la belle Pandore, qui déchaîne toutes les calamités en ouvrant l’urne qui les renferme. Quant à Prométhée, il sera enchaîné par Vulcain au Caucase et condamné à se faire dévorer le foie par un aigle. Chaque nuit, son foie repousse, rendant son supplice éternel. Plus tard, le bienfaiteur des hommes sera libéré par Hercule. Le supplice de Prométhée est l’épisode que les artistes ont privilégié. Il arrive qu’on le voie devant une statue d’apparence humaine, parfois posé sur un piédestal. D’autres fois, il approche une flamme de la statue pour lui donner la vie. Dans certains tableaux, ces deux épisodes ont été réunis, ce qui donne à la scène un sens allégorique particulier, où la statue symbolise l’homme touché par la grâce divine.

Le Mythe de Prométhée, 1515, Piero di Cosimo, Munich, Alte Pinakothek
Le Mythe de Prométhée, 1515, Piero di Cosimo, Munich, Alte Pinakothek

Attribué au dramaturge grec Eschyle, le Prométhée enchaîné confère à Prométhée le rôle de champion de l’humanité opprimée par Zeus. La tragédie faisait partie d’une trilogie (les deux autres pièces sont perdues) qui voyait finalement Héraclès arracher le martyr à son supplice.

Vulcain enchaînant Prométhée, 1623, Dick van Baburen, Amsterdam, Rijksmuseum
Vulcain enchaînant Prométhée, 1623, Dick van Baburen, Amsterdam, Rijksmuseum

L’immortel rebelle et voleur de feu devint le porte-drapeau de l’humanité révoltée et inspira les poètes, tels Goethe, Byron, Hugo… Shelley fit de lui, dans son drame lyrique Prométhée délivré (1819), un être dont le savoir instaurait un royaume lumineux de liberté et d’amour, triomphant de la répression incarnée par les Olympiens.

Prométhée emportant le feu, 1637, Jan Cossiers, Madrid, Museo del Prado
Prométhée emportant le feu, 1637,
Jan Cossiers, Madrid, Museo del Prado